Documentaire québécois.
Pierre Falardeau, pamphlétaire, réalisateur, scénariste et militant indépendantiste (né le 28 décembre 1946 à Montréal, Québec; décédé le 25 septembre 2009 à Montréal). Après des études universitaires en anthropologie et en ethnologie à l’Université de Montréal où il s’intéresse au cinéma documentaire, Pierre Falardeau découvre, au début des années 70, la souplesse du format vidéo. Avec son ami le comédien Julien Poulin, il réalise plusieurs documentaires engagés dont Continuons le combat (1971), une analogie à l’indépendance du Québec qu’il transpose à une arène de boxe. C’est à partir de ce moment que le Falardeau militant ne lâchera plus jamais le flambeau.
’autres documentaires suivent, soit Les Canadiens sont là (1973), Le Magra (1976), À force de courage (1977) et Pea Soup (1978), son premier long métrage. Dans ses œuvres et ses écrits, Falardeau peut aussi bien aborder la formation qu’il dit « fascisante » des policiers, que dénoncer l’aliénation culturelle et politique des Québécois comme Speak White (1980), un court métrage réalisé avec Julien Poulin à partir du célèbre poème de Michèle Lalonde.
C’est peu après l’échec du référendum de 1980 qu’il tourne un court métrage interprété par Poulin, Elvis Gratton (1981). Ce personnage caricatural, prototype du Québécois américanisé et assimilé, mais naïf de sa condition, connaît un tel succès (Prix Génie en 1983 pour Falardeau et Poulin) que Falardeau réalise deux autres courts métrages le mettant en vedette. Les trois films sont réunis en 1985 dans un long métrage, Elvis Gratton : le King des King (aussi connu sous le titre Elvis Gratton : Le Film) qui devient un film culte du cinéma québécois.
En 1989, avec l’aide d’un ex-felquiste (voir Front de libération du Québec), Francis Simard, Falardeau réalise un premier long métrage, Le Party, où il dépeint les conditions de vie en milieu carcéral. Après un long métrage documentaire consacré à un boxeur professionnel sur le déclin, Le Steak (1992, coréalisé avec Manon Leriche) et un pamphlet vidéo qui ridiculise l’establishment et dénonce les élites québécoises, Le temps des bouffons (1993, mais tourné en 1985), Falardeau réalise son film le plus ambitieux jusqu’alors, Octobre (1994). Francis Simard, qui a passé 11 ans incarcéré pour sa participation à l’enlèvement et au meurtre du ministre québécois Pierre Laporte lors de la Crise d’octobre en 1970, collabore au scénario et son livre Pour en finir avec Octobre (1982, réédition 2010), sert de référence. Le film ne sort que dix ans plus tard, en raison de négociations sans fin pour l’obtention de subventions. Pour évoquer la Crise d’octobre, Falardeau choisit de suivre les ravisseurs, refuse la reconstitution historique et opte donc pour un huis clos. Cette décision lui permet d’approfondir les motivations de ses personnages.
Falardeau se bute encore une fois à de nombreuses difficultés lors d’un projet de film sur les Patriotes. Il en publie le scénario intitulé 15 février 1839 et rédige d’autres ouvrages (La Liberté n’est pas une marque de yogourt, Les boeufs sont lents mais la terre est patiente), puis cède à la pression en donnant deux suites à Elvis Gratton : Miracle à Memphis (1999) et Elvis Gratton XXX : la vengeance d’Elvis Wong (2004). Ces films montrent un Gratton encore plus ridicule et abruti que précédemment et obtiennent un réel succès populaire. Les revenus du deuxième volet d’Elvis Gratton servent à Falardeau pour financer le tournage de 15 février 1839 (2001) qui raconte les derniers instants du Chevalier de Lorimier pendu par les Anglais. Ce film permet à son acteur principal Luc Picard de décrocher un Prix Jutra.
En 1995, Pierre Falardeau se mérite le prix L.-E. Ouimet-Molson pour son film Octobre. En 2002, il est nommé « Patriote de l’année » et en juin 2009, le prix Pierre-Bourgault lui est attribué par le Mouvement souverainiste du Québec.
D’un nationalisme poussé à l’extrême dans ses écrits et ses propos publics, politiquement incorrect et fier de l’être, se défendant de faire des films d’auteur mais plutôt des films qui sauront rejoindre le peuple, Pierre Falardeau a utilisé son œuvre et les tribunes qu’on lui offrait pour dénoncer le régime politique canadien et l’assimilation des Québécois. Son livre Rien n’est plus précieux que la liberté et l’indépendance est paru en 2009, quelques mois avant son décès.